Il avait été trouvé un soir d'orage, dérivant sur un landeau, probablement trouvé trop moche par les Wabbits, sûr la Côte d'Asse.
Par contraction et abu de langage, on disait de lui qu'il était un enfant de la D'asse (ce qui lui donnait une réputation d'Enutrof à difficultés).
Et cette fois, SacPoubel en avait marre.
Mais marre !
Cet abrutie de Danatrione venait encore de lui coller une rouste, juste parce qu'il avait encore laissé échapper sa fidèle pelle musicale.
À croire qu'on lui avait fourgué des dagues Eulasse !
Cette fois, il était décidé. Plus question de retourner à la milice de Bontâ en gentil disciple d'Enutrof bienveillant en bons condisciple de la sainte population. Plus question de cela. Il allait renier son Dieu, et ses anciennes convictions, car pour la énième fois, Il l'avait abandonné. Il deviendrait si perfide et sournois que plus personne ne le reconnaîtrait.
Il allait être intelligent.Et puis, au passage, changer ce nom qui faisait de lui la risée des enutrofs.
Il se rendit sur les landes désolées, traversant le village abandonné de Gisgoul, mais cette fois, il évitait les bworks. Diable, qu'il était bon d'être intelligent : déguisé en bouftou, aucun de ces stupides et bravaches guerriers ne le remarquaient.
Quand soudain, au milieu de tous ces êtres belliqueux il remarqua non pas un bwork archer ! non, bien sûr ! Ni une larve verte ! Ni même une dragodine! Non, ce qu'il vut fut affreux... Il vit un nabot. Mais, ayant abandonné la voie de la Chance, il perçut aisément l'aura aussi terrifiante que ce nain était petit qui émanait de Lui. Comme quoi, il pouvait encore faire des progrès dans le domaine ô combien perfectible de l'intelligence.
Il sut que c'était lui. Le bras droit du Mal, le meneur maintenant officiel de l'ordre qui faisait trembler tout Amakna, un vrai Père Fouettard, Dezabel.
Et il l'entendit distinctement murmurer :
"Zurel, Brakmâr te tend les bras."
Et il courut vers elle.